J’avais déjà publié un article sur le blocage simple d’ouvrages au crochet tunisien précédemment. Aujourd’hui il est question du blocage avec câbles et épingles. C’est une autre technique, indispensable pour certains projets comme les ouvrages en dentelle ou les pièces aux formes particulières.
Le tapis de blocage
Avant de parler câbles et épingles, un mot sur les tapis de blocage. J’ai longtemps utilisé des planches en liège. Neuves, elles s’emboîtaient assez bien et j’appréciais de pouvoir les disposer différemment, pour obtenir une surface plus longue ou plus large selon mes besoins. Mais à l’usage, avec le temps, elles ont commencé à gondoler. De plus, elles n’étaient pas solidaires entre elles. Il y avait donc de plus en plus de jeu entre elles. Pas top.
J’aurais bien investi dans un tapis de blocage en mousse, en forme de pièces de puzzle qui s’emboîtent. Mais le prix est rédhibitoire. Un système identique mais bien moins cher existe pour des tapis de jeux pour enfants. Toutefois, pour avoir eu un tel tapis de jeu pour enfants il y a quelques années, je peux dire que certains modèles déteignent. Défaut de fabrication peut-être. Peu importe. Je n’avais pas envie de tenter à nouveau pour voir.
Alors, en faisant un tour chez Décathlon, j’ai vu des tapis de yoga, de tailles variables, en différentes matières. Mon attention s’est d’abord portée sur un tapis en mousse bien épais (15 mm) et bien lourd, qui se roule lorsqu’il faut le ranger. Encombrant. Et lourd. Je me suis ensuite tournée vers des tapis de yoga plus fins (9 mm), pliables, recouverts d’une enveloppe en plastique. J’en ai pris 3. Un tapis mesure 1,60 m de long. Pour un grand châle, c’est un peu juste.
Je craignais que l’épaisseur du tapis de yoga (9 mm) soit un peu trop fine. Les épingles doivent être enfoncées à une certaine profondeur pour rester en place. Finalement, c’est suffisant. Au pire, si un jour je souhaite plus d’épaisseur, je peux toujours disposer les tapis sur un grand lit ou un tapis de salon. Bon, actuellement je n’ai pas de lit d’appoint disponible et aucun tapis. Mais c’est une possibilité.
Je n’envisage pas d’épingler un ouvrage directement sur un lit ou un tapis. L’ouvrage est mouillé. En contact avec un autre tissu, le séchage prend plus de temps. J’apprécie que les tapis de yoga soient recouverts d’un film plastique qui ne retient pas l’humidité sous l’ouvrage.
Les câbles et les épingles
Pour ce qui est des câbles, par le passé j’ai utilisé les longs câbles interchangeables de mes différents sets de crochet tunisien. Ils font assez bien l’affaire à condition d’en avoir plusieurs. Mis bout à bout, ils peuvent varier en longueur. Pratique.
J’ai aussi essayé les fils en plastique transparent comme ceux qu’utilisent les étalagistes. Facilement disponibles dans n’importe quel magasin de bricolage, ils varient en diamètre. Comme ils sont généralement fournis en rouleaux, la longueur est adaptable à souhait. Ils sont souples. Ce qui est à la fois une qualité et un défaut. Ils prennent la forme que vous souhaitez. Mais ils manquent de rigidité et ne restent pas bien droits quand vous étirez l’ouvrage. Pour une courbe, c’est bien. Pour un bord qui doit rester bien rectiligne, c’est moins bien.
Alors j’ai récemment investi dans un set de câbles et épingles Lazadas. Je parle d’investissement parce que ce n’est pas donné. Comme je chipotais depuis des années avec des systèmes D pour bloquer certains ouvrages, je me suis dit qu’il était temps d’essayer un set. Celui que j’ai choisi contient 10 câbles de 90 cm, 5 câbles de 180 cm et 60 épingles. Un kit complet!
Blocage sérieux
Je parle ici de blocage « sérieux », par opposition à la mise en forme simple. Les premières étapes de cette mise en forme (laisser tremper l’ouvrage, puis presser l’excédent d’eau) sont les mêmes. La différence majeure, c’est le recours à des câbles pour étirer l’ouvrage et lui imposer la forme voulue. Les épingles assurent le maintien de l’ouvrage aux formes qui lui sont données. D’où la nécessité d’avoir un tapis dans lequel enfoncer les épingles. Une simple serviette de bain n’a pas la tenue suffisante pour maintenir l’étirement.
J’ai testé le set Lazadas et les tapis de yoga trouvés chez Décathon sur les 2 châles que j’ai réalisés cet été: Altaira (un design de Silke Reibeling) et Triskelion (nom provisoire d’un de mes nouveaux designs dont je vais faire tester le patron très bientôt).
Prendre le temps
Un premier constat évident: le blocage avec câbles et épingles, ça prend du temps! Il faut passer chaque câble dans les lisières de l’ouvrage, un travail de patience. Ensuite il faut étirer l’ouvrage et placer des épingles à intervalles réguliers pour donner à l’ouvrage la forme voulue. A titre d’exemple, j’ai passé une bonne heure à la mise en forme pour chaque châle que je vous montre ci-dessous. Avec un audiolivre ou un podcast, c’est plus divertissant.
Avant / après blocage
Pour Altaira, avant blocage, les lignes avec augmentations ne sont pas étirées. La lisière du haut n’est donc pas tout à fait droite. Il y a également de l’enroulement (phénomène classique au crochet tunisien) entre les pointes en fin d’ouvrage. A noter: j’ai fait le dernier rang en points envers pour contrarier un peu l’effet d’enroulement. Avant blocage, le résultat n’est pas concluant: ça roulotte quand même. Mais pas d’inquiétude. Un bon blocage sérieux peut en venir à bout.
L’objectif du blocage était donc de rectifier l’alignement de la lisière du haut et d’étirer les pointes de l’étoile au maximum. Je n’ai passé qu’un seul câble, dans la lisière du haut. J’ai fixé des épingles avec un écart de 10 à 15 cm environ. J’ai ensuite placé deux épingles à l’extrémité de chaque pointe. Aucune épingle entre les pointes. L’enroulement a disparu.
Pour Triskelion, avant blocage, le châle n’a pas du tout la forme souhaitée. La construction en croissant forme une légère courbe au centre de cette lisière. Il y a comme un effet légèrement bombé. Et les extrémités sont très recourbées. Ici je vous montre une photo de l’encours, mais l’enroulement des derniers rangs reste le même en fin d’ouvrage.
Il faut donc bien étirer l’ouvrage dans la longueur d’abord, puis dans la largeur. J’ai commencé par glisser un câble de 180 cm de long dans la lisière supérieure (juste la bonne longueur), puis deux autres câbles de 90 cm le long du bord inférieur recourbé. Ensuite j’ai placé les épingles avec cette fois un écart d’à peu près 10 cm, parfois moins. En fait, j’ai utilisé les 60 épingles du set Lazadas. Cela m’a pris une heure…
Ne pas sous-estimer l’importance du blocage
En résumé, le blocage « sérieux » avec câbles et épingles permet de considérablement changer la forme d’un ouvrage. C’est également une des techniques pour lutter contre l’enroulement. Cette technique demande un peu d’équipement, de l’espace et du temps, mais les finitions en valent la peine.
Que pensez-vous de la présentation « avant/après blocage »? Partagez vos expériences et vos avis sur le blocage avec câbles et épingles dans les commentaires de cet article.
Je me souviens avoir été bluffée, la première fois que j’ai réalisé un blocage aux épingles sur un tapis en mousse : soudain, la pièce s’était ouverte et le motif dentelle prenait toute sa grandeur. C’était presque magique. En effet, tout ne requiert pas un blocage long et fastidieux. Mais le processus en vaut vraiment la peine !
Super astuce les tapis de yoga ! J’ai utilisé les miens aussi, à défaut d’avoir de vrais tapis de blocage. C’est vrai que la taille n’est pas toujours adaptée, mais ça me dépanne bien.